Début mai 2011.

L’équipe de tournage souhaite réaliser des séquences filmées d’araignées sous loupe binoculaire et microscope électronique à balayage. Notre travail consiste alors à leurs fournir un certain nombre d’espèces disposant de caractères plus ou moins remarquables et photogéniques.

Après une série de collectes périgourdines dont une journée aux Eyzies, la future star du documentaire manque toujours à l’appel : Scytodes thoracica. Suite à quelques discussions avec des collègues Arachnologues membres de l’AsFrA, Arvensis par en quête des Araignées Cracheuses dans la Région du Languedoc-Roussilon. Le coffre rempli de « huit pattes », Sauteuses, Loups et Gros Chélicères, le duo de chasseurs-aspireurs arpentent les quatre-voies menant aux Garrigues. Nous savons que notre amie zébrée est nocturne et qu’elle se cache en journée sous les pierres. Ainsi, abordant les sinueuses routes de l’Aude, nous tentons une première recherche entre murets et rangs de vignes. Celle-ci s’avère infructueuse pour les Scytodes mais surprenant quant aux colorés Scolopendres et Zygènes. Pilote et copilote reprennent leur périple en direction de Leucate, le moral toujours au beau fixe (comme le temps !). Inspirés par un plateau situé entre les communes de Feuilla et Treilles (ça sonne vert !), piluliers en poche, nous effectuons un second arrêt. Le nez de notre spécialiste officiel fut fin, car après seulement quelques minutes d’observation il trouve deux spécimens sous une même grosse pierre. Ouf, nous touchons au but. A la fin de l’heure, nous somme bien heureux d’avoir le nombre de Scytodes nécessaire au studio. Nous les installons chaleureusement dans leurs maisons temporaires agrémentées de pierres et de feuillages.

Scytodes thoracica

La première Scytodes découverte !

Soulagés, nous passons voir la Méditerranée avant de nous rendre à Alés. Avant la nuit, il nous faut capturer les futures proies de nos protégées à l’aide de filets que nous passons dans les herbes hautes. Les dîners (vivants) sont servis ! Après une bonne nuit de repos, nous reprenons les routes vers Lyon, étape finale du voyage. Un arrêt « casse-croûte » est nécessaire à tout le monde, missionnaires et araignées. Nous laissons donc un peu plus tard nos connaissances éphémères aux cinéastes du naturels, non sans expliquer qu’il faut bien nourrir nos bêbêtes régulièrement… jusqu’ici, elles se portent bien !

Quelques semaines après, les images réalisées par l'équipe de tournage sont un succès ! En voici un aperçu issu d'une séquence vidéo :

Salticidae et sa proie. Copyright = Mona Lisa production / ZED (photo non libre de droit).

Salticidae et sa proie. Copyright : Mona Lisa production / ZED (photographie non libre de droit).


Récit d'aventure par Pierre Baldini


Juin 2011 - Session Haute vitesse !

Cette fois, la route m'emmène vers Chambord. Sologne me voilà, je suis accueilli chez Yves Lanceau pour trois jours. La mission consiste à capturer les araignées que l'équipe de production souhaite voir et à les disposer devant la caméra en tentant de déclencher certains comportements voulus. Yves dispose d'une caméra haute vitesse. Celle ci a la particularité de pouvoir filmer un nombre d'image par seconde bien plus élevé qu'avec une caméra normale, ce qui permet de faire des ralentis assez extraordinaires en ramenant à un nombre d'image plus faible dans le même laps de temps.

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Session Haute Vitesse

En studio, Yves attentif au saut de salticidae !

Ainsi, l'équipe de production et Yves espère obtenir des séquences vidéos de comportements d'araignées que notre oeil n'a pas l'habitude de voir. Alors c'est parti, il faut capturer les individus, recréer un décor car il est impossible de filmer tout çà en pleine nature et faire en sorte que les conditions soient adéquates pour que nos actrices fétiches veulent bien jouer le jeu. Parade nuptiale, saut de salticidae sur sa proie, jet de venin de scytodes, vibration de pholcus sur sa toile, éclosion... trois jours ne suffiront pas à tout faire malgré de belles images et des inattendus !

Session Haute Vitesse 2

En extérieur quand la lumière le permet...


Août 2011 - Tout le monde en Haute Loire

Troisième et dernière intervention pour ce film. C'est le dernier temps pour l'équipe de tournage afin de réaliser toutes les séquences. Après leur séjour en Angleterre, aux Etats-Unis et les différentes sessions en France, il nous reste dix jours pour obtenir le maximum d'images que Vincent, le réalisateur, souhaite inclure dans le documentaire.

Pour cela, Nous nous retrouvons tous à Saint Julien de Chazes, un beau petit village situé en bas des gorge de la Haute Loire. Tous... oui, nous sommes nombreux puisque quatre équipes sont présentes.

La première composée de Vincent Amouroux et de Jean Pierre Rivalain réalise les séquences sur le terrain avec Christine Rollard, Arachnologue au MNHN. Elle fait les interviews incluses au documentaire et les voies off. Les grands moyens sont employés avec entre autres une grue motorisée pour faire des travellings et une équipe de grimpeur pour filmer les araignées arboricoles (et Christine encordée qui leur court après...)

sur le terrain

Christine dévoile une drôle d'araignée devant la caméra...

La grue

La grue pour suivre les déplacements

La deuxième équipe réalise des images macros à l'aide d'un banc guidé par télécommande et d'une caméra endoscopique. Ainsi, Nicolas Gabriel peut suivre les araignées évoluant dans leurs milieux - scènes de vie d'araignée -

Endosopie dans a toile de tégénaire

Caméra endoscopique sur banc macro pour aller au fond de la toile...

Sous la tente

Un carré de pelouse, les araignées errantes se balladent dedans !

La troisième équipe s'occupe des images sous loupes binoculaires. Ainsi, Aurélien Celerette peut filmer des grands détails d'araignée. Un poil, un oeil, les filières, les crochets à venin... c'est fou d'aussi près ! Nous aurons même l'honneur de voir à quoi ressemble l'artisou, l'acarien velu des fromages de Haute loire... on mange vraiment des trucs bizarres !

sur le terrain

En studio, en attendant les comportements...

La quatrième équipe n'est autre que Yves Lanceau avec sa caméra Haute vitesse pour continuer les ralenties et faire d'autres prises de vues avec une caméra plus standard, sur le terain ou en studio.

sur le terrain

Prise de vue des toiles sous la rosée du matin

Mon travail ici est de repérer sur les terrains les araignées que l'on souhaite filmer in-situ et de capturer celles qui seront observées en studio. Chaque équipe ayant des besoins bien spécifiques, la chasse à l'araignée est sans répit... sans oublier les heures d'attentes et des gestes minutieux pour déposer, replacer et nourrir tout ce beau monde. Certaines nuits sont longues car bon nombre d'espèces ne se dévoilent qu'en nocturne. D'autres espèces ne vivent pas ici, il faut aller les chercher plus loin, trouver la bonne proie, la voir tisser une toile... à chaque fois ce sont des défis qui s'imposent à nous. Mais çà en vaut tellement la peine car au final, tous les comportements (et même plus) ont pû être observés et filmés !

Je ne les dévoilerai volontairement pas ici, ce sera tout autant de surprises dans le documentaire qui sortira normalement à la mi-2012, toute l'équipe de production étant actuellement en studio pour le montage !


Récit par Félix Bécheau